POESIES DU MONDE
J'ai rêvé, l'autre nuit, d'un monde merveilleux
Qu'ils soient riches ou pauvres, qu'ils soient jeunes ou vieux,
Tous les hommes chantaient, s'embrassaient et s'aimaient .
Vers les coins de campagnes, ils partaient, l'âme en paix ;
Ils voulaient à tout prix être heureux ; ils l'étaient
Et leur chant s'élevait, fort comme le soleil.
Les uns seraient bergers, vignerons ou fermiers
Les autres élèveraient des abeilles pour le miel ...
Il faut l'humilité pour que soit le bonheur
Et laissons là l'argent, il a fêlé nos coeurs .
Après notre trépas, l'humilité viendra
Quand nos poussières seront intimement mêlées
Avec d'autres poussières de pauvres et de rois...
Souviens-toi : Chante, Aime et Ris mais ne haïs jamais.
Jean-Michel COPIN
"Comme un sourire du Ciel "

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“ Loin de nous, Fureurs homicides, Et toi, Démon qui leur présides, Va dans le fond du Nord, séjour des Aquilons, Mendier une retraite : Nos bergers, dans ces vallons, Contant leur peine secrète, Désormais ne seront plus Par ton bruit interrompus. “ Déjà la déesse Astrée, Par toute cette contrée, Reconnaît ses derniers pas Encore empreints sur la terre Comme elle nous quitta les derniers d'ici-bas, Ses temples dans nos États Ne se sont point sentis des suites de la guerre. Elle ne change point cette fois de séjour, Car l'Olympe est partout où Louis tient sa Cour. “ Fleuve, qui la revois, va-t'en dire à Neptune Que tout est calme parmi nous. Mars a quitté ces lieux; d'autres Démons plus doux S'en vont courir les mers et tenter la fortune. On ne verra nos matelots Combattre, à l'avenir, que les vents et les flots. Louis nous rend la Paix : son bras et sa conduite Aux yeux de l'Univers ont assez éclaté, Et l'Envie à la fin pleure d'être réduite A connaître aussi sa bonté! ” Ainsi disait Acante, et le dieu de la Seine, Que l'horreur des combats retenait sous les eaux, N'osant le croire qu'avec peine, Sortit du fond de ses roseaux Pour écouter cette nouvelle. Toutes ses Nymphes, accourant Auprès d'Acante, et l'entourant; “ Contez-nous, lui dit la plus belle, Ce fruit inespéré des armes de Louis. ” Acante satisfit en ces mots l'immortelle; Zéphire était présent, et les ayant ouïs, Il m'en fit ce récit fidèle. “ O Nymphe, il faut vous accorder Ce que votre troupe souhaite : C'est à moi d'obéir, à vous de commander. Sachez donc que Bellone, impuissante et muette, Souffre que ses enfants tâchent de la bannir; Celle dont les faveurs ont ennobli la France, Se laisse ôter toute espérance D'y pouvoir jamais revenir. “ Louis consent qu'elle nous quitte; Elle lui dit en vain que bientôt ses exploits A l'un et l'autre Rhin auraient joint sous ses lois Les deux ceintures d'Amphitrite Il eût pu tenter ces projets, Mais le repos de ses sujets, Celui de ses voisins, les soupirs de l'Europe, Ont à la fin changé l'objet de ses désirs; Et la savante Calliope Ne nous chantera plus que jeux et que plaisirs. ” Acante en eût dit davantage, Mais on cessa de l'écouter. Les Nymphes, au transport se laissant emporter, Du doux nom de la Paix remplirent leur rivage. Toutes plaçaient déjà Louis entre les dieux; Elles voyaient que de ces lieux A la fin Bellone exilée D'alarmes pour toujours nous avait garantis. Telle éclata la joie, aux noces de Pélée, Chez les suivantes de Thétis. Acante alla porter l'allégresse au Parnasse Il trouva dans ses bois les doctes nourrissons Occupés encore aux chansons Que chérit le dieu de la Thrace. Ils disaient qu'un de ses rivaux, Un conquérant, par ses travaux, Allait sous son pouvoir ranger la terre entière “ Adoucissez, dit Acante, vos voix; Chantez la Paix donnée; aussi bien, tant d'exploits Sont une trop ample matière. “ Et, vous, divinités à qui je dois les vers Qui de jeux et d'amour ont rempli l'Univers, Si j'ai toujours suivi votre troupe immortelle, Faites qu'étant épris d'une nouvelle ardeur, Je chante de Louis, non toute la grandeur, Votre voix y suffirait-elle? Vous-mêmes pourriez-vous d'un si rapide cours, De victoire en victoire, à ce Mars de nos jours Accommoder vos sons? Non, déesses, ma lyre N'a point ce but et je n'aspire Qu'à chanter une Paix digne de plus d'autels Que les combats des Immortels. ” Le dieu des vers sourit. “ C'est aux savantes Fées D'en être seules les Orphées, Non aux hommes, dit-il. Je t'apprends que ton roi Fera plus pour son nom que tes pareils ni toi. La Paix couronnera l'ouvrage de la guerre; Et, comme Jupiter, ton prince fera voir Qu'il sait par des bienfaits exercer son pouvoir, Aussi bien qu'user du tonnerre. L'Univers va changer : l'avenir m'est caché, Ou le temps des beaux-arts s'est enfin rapproché; Ils refleuriront tous : on verra, dans les nues, D'autres Louvres, cherchant des routes inconnues, Toucher de leur sommet la demeure des dieux. J'évoquerai pour le théâtre Les grands morts, grands sujets dont je suis idolâtre; Tandis que, d'autre part, d'un soin laborieux, Par l'ordre de Louis, cent traducteurs célèbres Tireront du sein des ténèbres Ce que Rome et la Grèce ont produit de plus beau Homère et ses enfants, ressortis du tombeau, Vont éterniser votre empire; Tout deviendra français, Louis le veut ainsi. Apollon t'annonce ceci, Va chez les mortels le redire. ” |
La Fontaine
Publié le 18/03/2013 à 22:27 par perleastrale
Tags : moi

Je suis absent et le désir alors
fait s'éteindre mon âme.
La rencontre ne me guérit pas
car il persiste dans l'absence et la présence !
Sa rencontre produit en moi
ce que je n'avais point imaginé.
La guérison est un mal nouveau
qui provient de l'extase.
Car moi, je vois un être
dont la beauté s'accroit,
éclatante et superbe,
à chacune de nos rencontres.
On échappe pas à une extase
qui se trouve en affinité
avec la beauté s'intensifiant
jusqu'à l'harmonie parfaite.
Ibn Arabi
Publié le 06/01/2012 à 16:51 par perleastrale
J’ai vu hélas dans la vie un cirque ridicule :
Quelqu’un tonitruait pour effrayer le monde, et
Un tonnerre d’applaudissements lui répondait.
J’ai vu aussi comment on se pousse vers la gloire et
Vers l’argent : c’est toujours le cirque.
Une révolution qui ne conduit pas vers son idéal
Est, peut être aussi, un cirque.
Je voudrais toutes ces pensées et ces sentiments,
Les cacher dans la queue opulente d’un cheval de
Cirque et courir après lui, comme l’autre petit clown,
En demandant la pitié afin qu’il chasse la tristesse
Terrestre.
Marc Chagall
Comme un barbare
Là où se pressent des maisons courbées
Là où monte le chemin du cimetière
Là où coule un fleuve élargi
Là j'ai rêvé ma vie
La nuit, il vole un ange dans le ciel
Un éclair blanc sur les toits
Il me prédit une longue, longue route
Il lancera mon nom au-dessus des maisons
Mon peuple, c'est pour toi que j'ai chanté
Qui sait si ce chant te plaît
Une voix sort de mes poumons
Toute chagrin et fatigue
C'est d'après toi que je peins
Fleurs, forêts, gens et maisons
Comme un barbare je colore ta face
Nuit et jour je te bénis
Marc Chagall (1930-1935)
Publié le 15/12/2011 à 16:20 par perleastrale
Le Corbeau
Une fois, sur le minuit lugubre, pendant que je méditais,
faible et fatigué, sur maint précieux et curieux volume
d'une doctrine oubliée, pendant que je donnais de la tête,
presque assoupi, soudain il se fit un tapotement, comme de
quelqu'un frappant doucement, frappant à la porte de ma
chambre. «C'est quelque visiteur, - murmurai-je, -
qui frappe à la porte de ma chambre;
ce n'est que cela et rien de plus.»
Ah! distinctement je me souviens que c'était dans le glacial
décembre, et chaque tison brodait à son tour le plancher du
reflet de son agonie. Ardemment je désirais le matin;
en vain m'étais-je efforcé de tirer de mes livres
un sursis à ma tristesse, ma tristesse pour ma Lénore
perdue, pour la précieuse et rayonnante fille que les anges
nomment Lénore, - et qu'ici on ne nommera jamais plus.
Et le soyeux, triste et vague bruissement des rideaux
pourprés me pénétrait, me remplissait de terreurs
fantastiques, inconnues pour moi jusqu'à ce jour;
si bien qu'enfin pour apaiser le battement de mon coeur,
je me dressai, répétant: «C'est quelque visiteur attardé
sollicitant l'entrée à la porte de ma chambre;
- c'est cela même, et rien de plus.»
Mon âme en ce moment se sentit plus forte. N'hésitant donc
pas plus longtemps: «Monsieur, dis-je, ou madame, en
vérité, j'implore votre pardon; mais le fait est que je
sommeillais et vous êtes venu frapper si doucement, si
faiblement vous êtes venu frapper à la porte
de ma chambre, qu'à peine étais-je certain
de vous avoir entendu.» Et alors j'ouvris
la porte toute grande; - les ténèbres, et rien de plus.
Scrutant profondément ces ténèbres, je me tins longtemps
plein d'étonnement, de crainte, de doute, rêvant des rêves
qu'aucun mortel n'a jamais osé rêver; mais le silence ne fut
pas troublé, et l'immobilité ne donna aucun signe, et le seul
mot proféré fut un nom chuchoté: «Lénore!» - C'était moi
qui le chuchotais, et un écho à son tour murmura ce mot:
«Lénore!» Purement cela, et rien de plus.
Rentrant dans ma chambre, et sentant en moi toute mon
âme incendiée, j'entendis bientôt un coup un peu plus fort
que le premier. «Sûrement, - dis-je, - sûrement,
il y a quelque chose aux jalousies de ma fenêtre;
voyons donc ce que c'est, et explorons ce mystère.
Laissons mon coeur se calmer un
instant, et explorons ce mystère;
- c'est le vent, et rien de plus.»
Je poussai alors le volet, et, avec un tumultueux battement
d'ailes, entra un majestueux corbeau digne des anciens
jours. Il ne fit pas la moindre révérence, il ne s'arrêta pas,
il n'hésita pas une minute; mais avec la mine d'un lord
ou d'une lady, il se percha au-dessus de la porte
de ma chambre; il se percha sur un buste de Pallas
juste au-dessus de la porte de ma chambre;
- il se percha, s'installa, et rien de plus.
Alors, cet oiseau d'ébène, par la gravité de son maintien et
la sévérité de sa physionomie, induisant ma triste
imagination à sourire: «Bien que ta tête, - lui dis-je, -
soit sans huppe et sans cimier, tu n'es certes
pas un poltron, lugubre et ancien corbeau,
voyageur parti des rivages de la nuit.
Dis-moi quel est ton nom seigneurial
aux rivages de la nuit plutonienne!»
Le corbeau dit: «Jamais plus!»
Je fus émerveillé que ce disgracieux volatile entendît si
facilement la parole, bien que sa réponse n'eût pas une bien
grand sens et ne me fût pas d'un grand secours; car nous
devons convenir que jamais il ne fut donné à un homme
vivant de voir un oiseau au-dessus de la porte
de sa chambre, un oiseau ou une bête sur un buste
sculpté au-dessus de la porte de sa chambre,
se nommant d'un nom tel que - Jamais plus!
Mais le corbeau, perché solitaitrement sur le buste placide,
ne proféra que ce mot unique, comme si dans ce mot unique
il répandait toute son âme. Il ne prononça rien de plus;
il ne remua pas une plume, - jusqu'à ce que je me prisse
à murmurer faiblement: «D'autres amis se sont déjà envolés
loin de moi; vers le matin, lui aussi, il me quittera
comme mes anciennes espérances déjà envolées.»
L'oiseau dit alors: «Jamais plus!»
Tressaillant au bruit de cette réponse jetée avec
tant d'à-propos: Sans doute, - dis-je, - ce qu'il
prononce est tout son bagage de savoir, qu'il a pris
chez quelque maître infortuné que le Malheur
impitoyable a poursuivi ardemment, sans répit,
jusqu'à ce que ses chansons n'eussent plus qu'un
seul refrain, jusqu'à ce que le De profundis de son
Espérance eût pris ce mélancolique refrain:
«Jamais - jamais plus!»
Mais le corbeau induisant encore toute ma
triste âme à sourire, je roulai tout de suite un siège
à coussins en face de l'oiseau et du buste et de la
porte; alors, m'enfonçant dans le velours, je
m'appliquai à enchaîner les idées aux idées, cherchant
ce que cet augural oiseau des anciens jours, ce que
ce triste, disgracieux, sinistre, maigre et augural
oiseau des anciens jours voulait faire entendre en
croassant son - Jamais plus!
Je me tenais ainsi, rêvant, conjecturant, mais
n'adressant plus une syllabe à l'oiseau, dont les
yeux ardents me brûlaient maintenant jusqu'au fond
du coeur: je cherchai à deviner cela, et plus encore,
ma tête reposant à l'aise sur le velours du coussin
que caressait la lumière de la lampe, ce velours
violet caressé par la lumière de la lampe que sa tête,
à Elle, ne pressera plus, - ah! jamais plus!
Alors, il me sembla que l'air s'épaississait, parfumé par
un encensoir invisible que balançaient les séraphins
dont les pas frôlaient le tapis de ma chambre.
«Infortuné! - m'écriai-je, - ton Dieu t'a donné par ses
anges, il t'a envoyé du répit, du répit et du népenthès
dans tes ressouvenirs de Lénore! Bois, oh! bois ce
bon népenthès, et oublie cette Lénore perdue!» Le
corbeau dit: «Jamais plus!»
«Prophète! - dis-je, - être de malheur! oiseau ou démon!
mais toujours prophète! que tu sois un envoyé du
Tentateur, ou que la tempête t'ait simplement échoué,
naufragé, mais encore intrépide, sur cette terre déserte,
ensorcelée, dans ce logis par l'Horreur hanté, - dis-moi
sincèrement, je t'en supplie, existe-t-il, existe-t-il ici un
baume de Judée? Dis, dis, je t'en supplie!» Le corbeau
dit: «Jamais plus!»
«Prophète! - dis-je, - être de malheur! oiseau ou démon!
toujours prophète! par ce ciel tendu sur nos têtes, par
ce Dieu que tous deux nous adorons, dis à cette âme
chargée de douleur si, dans le Paradis lointain, elle
pourra embrasser une fille sainte que les anges nomment
Lénore, enbrasser une précieuse et rayonnante fille que
les anges nomment Lénore.» Le corbeau dit: «Jamais
plus!»
«Que cette parole soit le signal de notre séparation,
oiseau ou démon! - hurlai-je en me redressan. - Rentre
dans la tempête, retourne au rivage de la nuit plutonienne;
ne laisse pas ici une seule plume noire comme souvenir
du mensonge que ton âme a proféré; laisse ma solitude
inviolée; quitte ce buste au-dessus de maporte; arrache
ton bec de mon coeur et précipite ton spectre loin de ma
porte!» Le corbeau dit: «Jamais plus!»
Et le corbeau, immuable, est toujours installé sur le buste
pâle de Pallas, juste au-dessus de la porte de ma chambre;
et ses yeux ont toute la semblance des yeux d'un démon
qui rêve; et la lumière de la lampe, en ruisselant sur lui,
projette son ombre sur le plancher; et mon âme, hors du
cercle de cette ombre qui gît flottante sur le plancher, ne
pourra plus s'élever, - jamais plus!
Allan Edgar Poe
(1809-1849)
traduit par: Charles Baudelaire
Publié le 07/02/2011 à 14:57 par perleastrale
TRouvé sur le net si cette image vous appartient merci de me le faire savoir
DR
La Vie est comme une île perdue dans l'océan de la solitude, une île dont les rochers seraient nos espérances, et les arbres nos rêves, dont les fleurs seraient notre solitude et les ruisseaux nos aspirations.
3Votre Vie, ami, est une île séparée de toutes les autres îles et régions. 3 Quel que soit le nombre de bateaux qui quittent vos rivages pour d'autres pays, quel que soit le nombre de flottes qui y accostent, 3vous serez à jamais une île séparée, souffrant les affres de la solitude et aspirant au bonheur. 3 Les autres hommes ne vous connaissent point et ils sont loin de compatir à votre solitude ou de vous comprendre.
Je t'ai aperçu mon frère quand, assis sur ton monticule d'or, tu te réjouissais de tes richesses.
Tu étais fier de tes trésors et ancré dans la conviction que chaque poignée d'or amassée tisserait un lien invisible entre les désirs et les pensées d'autrui et les tiens propres.
Dans mon imagination tu apparaissais en grand conquérant, conduisant ses troupes à l'assaut des forteresses de l'ennemi.
Mais quand à nouveau je regardai, je ne vis plus qu'un coeur solitaire se languissant derrière ses coffres d'or, qu'un oiseau affamé dans une cage dorée à la mangeoire vide.
Mon frère, je t'ai vu alors que tu étais assis sur le trône de la gloire.
Tout autour, le peuple t'acclamait comme sa majesté.
Il chantait les louanges de tes actes et magnifiait ta sagesse.
Les yeux étaient fixés sur toi comme sur un prophète et les chants des esprits réjouis montaient jusqu'à la voûte céleste.
Lorsque tu regardais tes sujets, je distinguais dans ton regard les signes du bonheur, de la puissance et du triomphe, tu paraissais être l'âme de leur corps.
Mais, quand à nouveau je regardai, tu étais seul dans ta solitude.
Debout près de ton trône, tu te tournais dans toutes les directions, les bras tendus, comme un exilé qui demanderait grâce et miséricorde à d'invisibles fantômes ou qui mendierait un abri, ne serait-ce que celui pouvant offrir chaleur et amitié.
Mon frère, je t'ai vu aimer une femme merveilleusement belle et poser ton coeur sur l'autel de sa beauté.
Quand je la vis te regarder, les yeux empreints de tendresse et d'amour maternel, je me dis: « Puisse vivre longtemps l'amour qui a chassé la solitude du coeur de cet homme et l'a uni à un autre coeur. »
Hélas, quand à nouveau je regardai, dans ton coeur aimant la solitude était enclose !
Il révélait tout haut ses secrets à la femme aimée, en vain.
Car, derrière ton âme pleine d'amour, je distinguai une autre âme solitaire.
Elle ressemblait à un nuage errant que tu eusses voulu transformer en larmes coulant dans les yeux de ta bien-aimée...
Mon frère, ta vie est comme une maison isolée, loin de toute demeure humaine.
Une maison où aucun regard étranger ne peut pénétrer.
Si elle était privée de lumière, la lampe e ton voisin ne pourrait l'éclairer.
Si elle était sans vivres, les garde-manger de tes voisins ne pourraient lui en procurer.
Si elle s'élevait dans le désert, tu ne pourrais la transporter dans le jardin d'autres hommes, labouré et cultivé par d'autres mains.
Si elle était construite au sommet d'une montagne, tu ne pourrais la descendre dans la vallée, parcourue par le pas d'autres hommes.
Mon frère, la vie de l'esprit s'écoule dans la solitude, et n'y aurait-il cette solitude et cet isolement, tu ne serais point ce que tu es, ni moi ce que je suis.
Sans cet isolement et cette solitude, j'arriverais à croire en entendant ta voix que c'est ma voix qui parle, ou en voyant ton visage que c'est le reflet de moi-même dans un miroir.
Khalil Gibran
Publié le 23/11/2010 à 04:44 par perleastrale
Maintenant que j'ai bien appris la douleur,
Que je la connais par coeur,
Maintenant que j'ai bien appris la douleur,
Je sais ce que c'est : le Bonheur.
La Vérité m'a appris la douleur.
La Vérité est une vieille magicienne,
Très laide,
Insaisissable,
Qui se cache
Partout.
La Vérité, la très laide,
La très vieille
Magicienne,
M'a appris la douleur :
Trop, si difficiles sont ses enseignements.
Elle m'a conseillé de dire
Aux autres,
A tous ceux qui la recherchent,
Elle, la vieille magicienne hideuse,
Qu'Elle est la plus belle des femmes au monde.
Lorsqu'Elle deviendra mon épouse,
Elle m'a promis
De se métamorphoser :
D'être l'image que je donne d'Elle aux autres,
D'être enfin l'absolue vérité.
Enfin marié à la Vérité,
Je serai ascète.
Solitaire itinérant,
Avec le Ciel pour seul toit,
Avec l'Humanité pour seule famille,
Avec la Totalité des êtres pour seul ami,
Avec pour unique Savoir, le Bonheur,
Je ferai l'amour à la Vérité,
Et ma descendance sera aussi nombreuse
Que divine.
Mais je ne suis pas marié à la Vérité.
La Vérité m'a appris la douleur,
Et m'a laissé tomber.
Car j'en aime une autre.
Une jeune femme.
Je La trompe pour cette jeune femme,
Cette jeune femme toujours loin de mes yeux,
Qui, comme la Vérité,
M'apprend le Renoncement et l'ascèse,
Mais sans le savoir.
Je peux me passer de la Vérité,
- Mais pas de cette jeune femme.
Je peux me passer de la Vérité,
Mais pas de cette jeune femme :
Dans la douleur
Je comprends
L'étendue de mon amour.
Comprends-tu que je ne puisse t'oublier,
Toi que j'aime ?
Toi que j'aime.
Musique de l'Impossible.
Je te souhaite le Bonheur,
(Je dois au moins être digne de toi !),
Même si je crève
Lentement
Dans le magma
De la tristesse :
Demain ressemble déjà à hier.
Hê Râm !
Ce ne sont pas que des mots.
Ce ne sont pas que des mots.
Demain ressemble déjà à hier.
Le néant m'agresse.
Je ne peux me défendre.
L'Être Ultime : le refuge à chercher.
Maintenant que j'ai bien appris la douleur,
Que je la connais par coeur,
Maintenant que j'ai bien appris la douleur,
Je sais ce que c'est : le Bonheur.
Mais savoir ce que c'est, le Bonheur,
N'est pas et ne sera jamais le bonheur,
Ce n'est que l'humble premier pas vers mon dieu,
Ma divinité, qui me fera goûter, enfin !
La beauté de sa Grâce,
L'ascèse de mon Amour.
Subrahmanya Kâmadhênu
Publié le 05/11/2010 à 17:10 par perleastrale
Tableau de Balthus (La leçon de guitare)
Commencent les lamentations
de la guitare.
les coupes de l'aube se brisent.
Commencent les lamentations
de la guitare.
Il est inutile
de la faire taire.
Il est impossible
de la faire taire.
C'est une plainte monotone,
comme la plainte de l'eau,
comme la plainte du vent
sur la neige.
Il est impossible
de la faire taire.
Elle pleure sur des choses
lointaines.
Sable du Sud brûlant
qui veut des camélias blancs.
Elle pleure la flèche sans but,
le soir sans lendemain,
et le premier oiseau mort
sur la branche.
Oh guitare !
Coeur blessé à mort
par cinq épées.
Federico García Lorca
La Guitarra
Empieza el llanto
de la guitarra.
Se rompen las copas
de la madrugada.
Empieza el llanto
de la guitarra.
Es inútil callarla.
Es imposible
callarla.
Llora monótona
como llora el agua,
como llora el viento
sobre la nevada
Es imposible
callarla,
Llora por cosas
lejanas.
Arena del Sur caliente
que pide camelias blancas.
Llora flecha sin blanco,
la tarde sin mañana,
y el primer pájaro muerto
sobre la rama
¡ Oh guitarra !
Corazón malherido
por cinco espadas.
Federico García Lorca (Poema del cante jondo - 1921).
Publié le 01/11/2010 à 14:41 par perleastrale
Tableau d' Edvard MUNCH « Mélancolie » 1894/95
То не ветер ветку клонит
То не ветер ветку клонит
Не дубравушка шумит
То мое мое сердечко стонет
Как осенний лист дрожит
То мое мое сердечко стонет
Как осенний лист дрожит
Извела меня кручина
Подколодная змея
Догорай гори моя лучина
Догорю с тобой и я
Не житье мне здесь без милой
С кем пойду теперь к венцу
Знать судил мне рок с могилой
Обвенчаться молодцу
Расступись земля сырая
Дай мне молодцу покой
Приюти меня родная
В тихой келье гробовой
Ce n’est pas le vent qui incline la branche
ce n’est pas la foret qui fait du bruit
C’est mon coeur qui gémit
Comme la feuille d'automne tremble
C’est mon coeur qui gémit
Comme la feuille d'automne tremble
L'affliction m'a exténué
Le serpent podkolodnaja
S'éteint, brûle mon copeau
Je m'éteindrai avec toi
je ne peux pas vivre ici sans mon amour
Avec qui vais-je maintenant me marier?
Le destin m’a préparé à épouser la tombe
Terre il faut que tu t’ouvres !
moi qui suis jeune j’ai besoin du calme
je veux rester dans le silence des morts
traduction d' Olga
Publié le 12/09/2010 à 21:44 par perleastrale
La tolérance,
C'est une chose qui ne s'invente pas.
C'est un morceau de patience qui apprend à pleurer.
Un peu comme la quête d'un secret na se trouvant qu'au fond de toi.
Elle te fait comprendre que tout peut s'accepter.
La tolérance,
Ne se pointe qu'au fil des jours de toute une vie.
C'est ton reflet dans le miroir de l'avenir.
Elle fait de nous tous des êtres attendris.
Allumant encore plus d'étoiles dans chacune de nos nuits.
La tolérance,
C'est la douceur d'une lueur au fin fond de l'incompréhension.
C'est aimer son prochain au pied de toutes les lettres.
Comme une voix dans le désert de la désillusion,
Elle abdique face à l' impatience qui n'a alors plus sa raison d'être.
La tolérance,
C'est le terreau sous estimé,alimenté et engraissé
par des milliers de vermisseaux.
Réunissant toutes les chrysalides de l'univers afin de les voir une à une éclater.
C'est le chant des oiseaux désirant sans cesse voler plus haut.
La tolérance,
C'est le miel de la tempérance.
La fine fleur de toutes les récompenses.
Être tolérant,
C'est oublier totalement sa propre histoire.
Au profit des plus faibles qui passent sous de nombreux soleils sans même les voir.
Ces derniers savent trop qu'on ne peut tolérer une étoile
Qui n'a jamais appris à briller dans aucun ciel.
Parce que les exclus ne possèdent que les défauts de leur vie anormale.
Ils n'osent pas se permettre de devenir méchants ou rebels.
Comment continuer sur cette terre
Sans risquer de la voir un jour exploser?
Comment supporter toutes les peines et du monde les pires misères?
Ma réponse: Tolérer jusqu'à s'entêter et encore s'obstiner à tolérer.
Josée Bouffard, Canada