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Date de création : 18.01.2009
Dernière mise à jour : 29.06.2016
1175 articles


CONTES ET FABLES

AU BORD D'UN ETANG

Publié le 08/09/2010 à 13:27 par perleastrale
http://www.geo.fr/var/geo/storage/images/voyages/guides-de-voyage/asie/chine/tibet/112675-19-fre-FR/tibet_620x465.jpg

Voir le site de photo http://www.geo.fr



Dans la fourmillière d'un vaste monastère, il y avait un vieux moine discret, humble, un sans-grade, un obscur parmi les obscurs, un rien farfelu. Ses confrères le tenait pour un ignare, doublé d'un illuminé dans le sens commun, et non boudhiste, de simple d'esprit. Il faut dire que malgré toutes les années passées à l'ombre des murs du monastère, il ne brillait pas par son érudition. Le vétéran boudait en effet la lecture des textes sacrés et, à la belle saison, passait le plus clair de son temps au bord d'un étang constellé de lotus, bercé par le murmure du vent, la psalmodie des insectes et le chant des oiseaux. Il y méditait distraitement assis sur un rocher, sous le monumental parasol d'un vieil arbre.

Par un bel après-midi d'été inondé de soleil, un groupe de jeunes moines partit faire le tour de l'étang. C'est alors qu'ils purent observer avec stupéfaction, la manière fort découssue que l'ancien avait de méditer. Il ne se passait pas cinq minutes sans qu'il se penche pour troubler le miroir liquide avec une brindille. Il allait même parfois jusqu'à se lever pour faire quelques pas une branche à la main, avec laquelle il tirait une feuille d'arbre hors de l'eau. Son curieux manège fit rire ses cadets qui entreprirent de lui donner une leçon sur la méditation.

- Ne serait-il pas préférable de vous recueillir les yeux fermés afin de ne pas être distrait par le spectacle du monde ?

- Comment espérer atteindre une haute réalisation spirituelle si vous bougez sans cesse ? Vous ne pouvez pas stabiliser votre esprit ni laisser le prana circuler harmonieusement dans les canaux subtils.

- C'est vrai, prenez exemple sur le Boudha qui a obtenu l'Éveil suprême en demeurant immobile sous l'arbre de l'illumination.

Le vieux moine s'inclina pour les remercier de leurs conseils et, tout en leur montrant un insecte qu'il venait de repêcher avec une brindille, il leur dit, un sourire désarmant aux lèvres :

- Vous avez sans doute raison, mes jeunes frères. Mais comment pourrai-je méditer sereinement s'il y a autour de moi des êtres vivants en train de se noyer ?

La bande des cadets resta interloquée. Il y eut un long silence puis l'un d'eux, rompu aux joutes métaphysiques et voulant à tout prix sauver la face, répliqua :

- Vous devriez vous retirer dans une grotte pour vous consacrer à votre propre salut. Ne vous souciez pas trop du destin des autres. Laissez faire l'ordre naturel du monde. Chacun récolte le résultat de ses actes antérieurs. Telle est la loi du karma.

Et, sur ces paroles sentencieuses, les donneurs de leçons se drapèrent dans leurs toges monastiques et s'éloignèrent. Ils gagnèrent une passerelle qui enjambait l'étang. C'est alors qu'au beau milieu de la traversée, l'un d'eux glissa sur une planche moussue et tomba à l'eau. Le malheureux, qui n'était autre que le discoureur karmique, pataugeait parmi les nénuphars, visiblement en train de se noyer. L'étang était profond à cet endroit. Ce fut l'affolement général, aucun moine ne savait nager.

Le vieil original, son infatigable sourire aux lèvres, se leva d'un bond, prit une branche et, comme elle n'était pas assez longue, il se mit à marcher sur l'eau. Sous le regard médusé des jeunes moines, il crocheta le candidat à la noyade et le tira jusq'à la berge sans même mouiller les pans de sa robe rapiécée.

L'histoire miraculeuse fit le tour du monastère. On tenait désormais le vieux pour un saint, un bodhisattiva caché, un Boudha vivant. Il en prit ombrage car il ne supportait pas d'être un objet de dévotion. Il gagna une autre province où il se cacha dans le fourmillière d'un vaste monastère.


Au bord d'un étang - Conte tibétain !

Extrait de "Contes des sages du Tibet" par Pascal Fauliot

LES DEUX JARDINIERS

Publié le 08/05/2010 à 16:02 par perleastrale


Tableau de Sylvie Lemelin (Le jardinier)

Deux frères jardiniers avaient par héritage
Un jardin dont chacun cultivait la moitié ;
Liés d'une étroite amitié,
Ensemble ils faisaient leur ménage.
L'un d'eux, appelé Jean, bel esprit, beau parleur,
Se croyait un très grand docteur ;
Et Monsieur Jean passait sa vie
A lire l'almanach, à regarder le temps
Et la girouette et les vents.
Bientôt, donnant l'essor à son rare génie,
Il voulut découvrir comment d'un pois tout seul
Des milliers de pois peuvent sortir si vite ;
Pourquoi la graine du tilleul,
Qui produit un grand arbre, est pourtant plus petite
Que la fève qui meurt à deux pieds du terrain ;
Enfin par quel secret mystère
Cette fève qu'on seme au hasard sur la terre
Sait se retourner dans son sein,
Place en bas sa racine et pousse en haut sa tige.
Tandis qu'il rêve et qu'il s'afflige
De ne point pénétrer ces importants secrets,
Il n'arrose point son marais ;
Ses épinars et sa laitue
Sechent sur pied ; le vent du nord lui tue
Ses figuiers qu'il ne couvre pas.
Point de fruits au marché, point d'argent dans la bourse ;
Et le pauvre docteur, avec ses almanachs,
N'a que son frère pour ressource.
Celui-ci, dès le grand matin,
Travaillait en chantant quelque joyeux refrain,
Béchait, arrosait tout du pêcher à l'oseille.
Sur ce qu'il ignorait sans vouloir discourir,
Il semait bonnement pour pouvoir recueillir.
Aussi dans son terrain tout venait à merveille ;
Il avait des écus, des fruits et du plaisir.
Ce fut lui qui nourrit son frère ;
Et quand Monsieur Jean tout surpris
S'en vint lui demander comment il savait faire :
Mon ami, lui dit-il, voici tout le mystère :
Je travaille, et tu réfléchis ;
Lequel rapporte davantage ?
Tu te tourmentes, je jouis ;
Qui de nous deux est le plus sage ?

Jean-Pierre Claris de FLORIAN (1755-1794)




Biographie

Issu d'une famille noble et vouée à la carrière des armes, il naît au château de Florian, sur la commune de Logrian, près de Sauve dans le Gard, au pied des Basses-Cévennes. Sa mère, d'origine espagnole[1] meurt lorsqu'il est enfant et il est élevé au château de Florian. Son oncle ayant épousé la nièce de Voltaire, c'est à dix ans, en juillet 1765 lors d'un séjour à Ferney, qu'il est présenté au célèbre écrivain, son grand-oncle par alliance, qui le surnomme Florianet.

A treize ans, il devient page au service du duc de Penthièvre[2] puis entre quelques années plus tard à l'école royale d'artillerie de Bapaume. À sa sortie, il sert quelque temps comme officier dans le régiment des dragons de Penthièvre. La vie de garnison ne lui convenant pas, il sollicite et obtient une réforme qui lui conserve son grade[3] dans l'armée mais lui permet de suivre le duc de Penthièvre à Anet et Paris (un petit appartement lui était réservé à l’Hôtel de Toulouse) et de s'adonner entièrement à la poésie. Le duc de Penthièvre, qui lui avait donné à sa cour le titre de gentilhomme ordinaire, resta sa vie durant son ami et son protecteur.


Son buste à Sceaux.Il est élu membre de l'Académie française en 1788 après avoir vu deux de ses œuvres[4] couronnées par cette institution. Contraint, en tant que noble, de quitter Paris lors de la Révolution française, il se réfugie à Sceaux. Malgré l'appui de son ami François-Antoine de Boissy d'Anglas, il est arrêté en 1794, l'épître dédicatoire de Numa Pompilius qu'il avait écrite à la reine huit ans plus tôt, le desservant devant le Comité de sûreté générale. Remis en liberté le 27 juillet grâce à Boissy d'Anglas, il meurt subitement le 13 septembre[5], à l'âge de trente-neuf ans, probablement des suites de sa détention.

Il est enterré à Sceaux où sa tombe a été érigée en sanctuaire des Félibres, association culturelle et littéraire occitane créée par Frédéric Mistral au milieu du XIXe siècle. Elle se trouve dans le Jardin des Félibriges, entourée de bustes des membres célèbres de l'association. Chaque année, à la fin du printemps s'y déroule une manifestation commémorative : les Fêtes Félibréennes de Sceaux.[6


CONTRE CEUX QUI ONT LE GOÛT DIFFICILE.

Publié le 26/02/2010 à 21:49 par perleastrale



Quand j'aurais en naissant reçu de Calliope
Les dons qu'à ses amants cette muse a promis,
Je les consacrerais aux mensonges d'Ésope :
Le mensonge et les vers de tout temps sont amis.
Mais je ne me crois pas si chéri du Parnasse
Que de savoir orner toutes ces fictions.
On peut donner du lustre à leurs inventions :
On le peut, je l'essaie : un plus savant le fasse.
Cependant jusqu'ici d'un langage nouveau
J'ai fait parler le loup et répondre l'agneau ;
J'ai passé plus avant : les arbres et les plantes
Sont devenus chez moi créatures parlantes.
Qui ne prendrait ceci pour un enchantement ?
" Vraiment, me diront nos critiques,
Vous parlez magnifiquement
De cinq ou six contes d'enfant.
- Censeurs, en voulez-vous qui soient plus authentiques
Et d'un style plus haut ? En voici : " Les Troyens,
Après dix ans de guerre autour de leurs murailles,
Avaient lassé les Grecs, qui par mille moyens,
Par mille assauts, par cent batailles,
N'avaient pu mettre à bout cette fière cité,
Quand un cheval de bois, par Minerve inventé,
D'un rare et nouvel artifice,
Dans ses énormes flancs reçut le sage Ulysse,
Le vaillant Diomède, Ajax l'impétueux,
Que ce colosse monstrueux
Avec leurs escadrons devait porter dans Troie,
Livrant à leur fureur ses dieux mêmes en proie :
Stratagème inouï, qui des fabricateurs
Paya la constance et la peine. "
- C'est assez, me dira quelqu'un de nos auteurs :
La période est longue, il faut reprendre haleine ;
Et puis votre cheval de bois,
Vos héros avec leurs phalanges,
Ce sont des contes plus étranges
Qu'un renard qui cajole un corbeau sur sa voix :
De plus, il vous sied mal d'écrire en si haut style.
- Eh bien ! baissons d'un ton. " La jalouse Amarylle
Songeait à son Alcippe, et croyait de ses soins
N'avoir que ses moutons et son chien pour témoins.
Tircis, qui l'aperçut, se glisse entre des saules ;
Il entend la bergère adressant ces paroles
Au doux Zéphire, et le priant
De les porter à son amant. "
- Je vous arrête à cette rime,
Dira mon censeur à l'instant ;
Je ne la tiens pas légitime,
Ni d'une assez grande vertu.
Remettez, pour le mieux, ces deux vers à la fonte.
- Maudit censeur ! te tairas-tu ?
Ne saurais-je achever mon conte ?
C'est un dessein très dangereux
Que d'entreprendre de te plaire. "

Les délicats sont malheureux :
Rien ne saurait les satisfaire.

Jean de Lafontaine

Vidéo Youtube



L'AVANTAGE DE LA SCIENCE

Publié le 04/02/2010 à 09:28 par perleastrale



Abstémius a écrit un apologue « Le Riche ignare et le Pauvre savant ». La Fontaine s’en inspirera. Nous retiendrons de cette fable la conception que se fait le fabuliste des pédants de son époque. Il différencie ces mêmes pédants, ces ignorants imbus de leur maigre science des « savants » qui, a force d’études, de réflexions et de connaissances ont atteint un certain degré de sagesse.


Entre deux bourgeois d'une ville
S'émut jadis un différend:
L'un était pauvre, mais habile;
L'autre riche, mais ignorant.
Celui-ci sur son concurrent
Voulait emporter l'avantage,
Prétendait que tout homme sage
Était tenu de l'honorer.
C'était tout homme sot; car pourquoi révérer
Des biens dépourvus de mérite?
La raison m'en semble petite.
« Mon ami, disait-il souvent
Au savant,
Vous vous croyez considérable;
Mais dites-moi, tenez-vous table ?
Que sert à vos pareils de lire incessamment ?
Ils sont toujours logés à la troisième chambre,
Vêtus au mois de juin comme au mois de décembre,
Ayant pour tout laquais leur ombre seulement.
La république a bien affaire
De gens qui ne dépensent rien!
Je ne sais d'homme nécessaire
Que celui dont le luxe épand beaucoup de bien.
Nous en usons, Dieu sait! notre plaisir occupe
L'artisan, le vendeur, celui qui fait la jupe,
Et celle qui la porte, et vous, qui dédiez
A Messieurs les gens de finance
De méchants livres bien payés.»
Ces mots remplis d'impertinence
Eurent le sort qu'ils méritaient.
L'homme lettré se tut, il avait trop à dire.
La guerre le vengea bien mieux qu'une satire.
Mars détruisit le lieu que nos gens habitaient:
L'un et l'autre quitta sa ville.
L'ignorant resta sans asile:
Il reçut partout des mépris;
L'autre reçut partout quelque faveur nouvelle.
Cela décida leur querelle.

Laissez dire les sots: le savoir a son prix.

L' Avantage de la Science
Livre VIII - Fable 19
Jean de La Fontaine

LE COCHE ET LA MOUCHE

Publié le 05/01/2010 à 15:58 par perleastrale


Dans un chemin montant, sablonneux, malaisé,
Et de tous les côtés au soleil exposé,
Six forts chevaux tiraient un coche.
Femmes, moine, vieillards, tout était descendu.
L'attelage suait, soufflait, était rendu.
Une mouche survient, et des chevaux s'approche,
Prétend les animer par son bourdonnement,
Pique l'un, pique l'autre, et pense à tout moment
Qu'elle fait aller la machine,
S'assied sur le timon, sur le nez du cocher.
Aussitôt que le char chemine,
Et qu'elle voit les gens marcher,
Elle s'en attribue uniquement la gloire,
Va, vient, fait l'empressée: il semble que ce soit
Un sergent de bataille allant en chaque endroit
Faire avancer ses gens et hâter la victoire.
La mouche, en ce commun besoin,
Se plaint qu'elle agit seule, et qu'elle a tout le soin;
Qu'aucun n'aide aux chevaux à se tirer d'affaire.
Le moine disait son bréviaire:
Il prenait bien son temps! Une femme chantait:
C'était bien de chansons qu'alors il s'agissait!
Dame mouche s'en va chanter à leurs oreilles,
Et fait cent sottises pareilles.
Après bien du travail, le coche arrive au haut:
«Respirons maintenant, dit la mouche aussitôt:
J'ai tant fait que nos gens sont enfin dans la plaine.
Cà, Messieurs les Chevaux, payez-moi de ma peine.»

Ainsi certaines gens, faisant les empressés,
S'introduisent dans les affaires:
Ils font partout les nécessaires,
Et, partout importuns, devraient être chassés.

Jean de La Fontaine


Le Coche et la Mouche
Livre VII - Fable 9


Inspirée de Phèdre, mais renouvelée par La Fontaine qui s’inspire de souvenirs de ses voyages en Limousin, cette "scène de genre" est devenue un "classique" de la fable. Elle a été publiée dans le recueil des "Fables nouvelles, et autres poésie" paru en 1671. Chamfort note "Ce petit apologue est un des plus parfaits, aussi a-t-il donné lieu au proverbe ‘la mouche du coche’". Nous noterons l’humour de quelques petites piques misogynes ou anticléricales (le moine descend après les femmes).

Les autres fables du Livre VIIA Madame de MontespanLes Animaux malades de la PesteLe mal mariéLe Rat qui s'est retiré du mondeLe HéronLa FilleLes SouhaitsLa Cour du LionLes Vautours et les PigeonsLe Coche et la MoucheLa Laitière et le pot au laitLe Curé et le MortL' Homme qui court après la Fortune et l'Homme qui l'attend dans son litLes deux CoqsL' Ingratitude et l'Injustice des Hommes envers la FortuneLes DevineressesLe Chat, la Belette et le petit lapinLa tête et la queue du SerpentUn animal dans la lune

POUR LA MOUCHE QUI SE RECONNAITRA

L'ANE ET LE PETIT CHIEN

Publié le 14/12/2009 à 20:54 par perleastrale

Trouvé sur le net mais sans le nom de l'auteur merci de me le faire savoir (slc aron peut être ???)

Ne forçons point notre talent ;
Nous ne ferions rien avec grâce (1) :
Jamais un lourdaud, quoi qu'il fasse,
Ne saurait passer pour galant.
Peu de gens, que le ciel chérit et gratifie,
Ont le don d'agréer infus (2) avec la vie.
C'est un point qu'il leur faut laisser,
Et ne pas ressembler à l'âne de la fable,
Qui, pour se rendre plus aimable
Et plus cher à son maître, alla le caresser.
«Comment ? disait-il en son âme,
Ce chien, parce qu'il est mignon,
Vivra de pair à compagnon (3)
Avec Monsieur, avec madame !
Et j'aurai des coups de bâton !
Que fait-il ? Il donne la patte ;
Puis aussitôt il est baisé.
S'il en faut faire autant afin que l'on me flatte,
Cela n'est pas bien malaisé."»
Dans cette admirable pensée,
Voyant son maître en joie, il s'en vient lourdement,
Lève une corne toute usée,
La lui porte au menton fort amoureusement,
Non sans accompagner pour plus grand ornement
De son chant gracieux cette action hardie.
« Oh! oh! quelle caresse! et quelle mélodie!
Dit le maître aussitôt. Holà, Martin bâton. »
Martin bâton accourt : l'âne change de ton.
Ainsi finit la comédie.

Jean de la Fontaine


(*) Source : Esope "le chien et son maître"
recueil Névelet, p.261

(1) Mlle de Scudéry, dans "Le Grand Cyrus", dans une conversation sur l'art de railler avec grâce :
" [...] ce que je veux principalement, est que chacun connaisse son talent, et s'en contente [...]."
(J.P. Collinet)
(2) "qu'il a plu à Dieu de verser dans l'âme"
(dict. de l'Académie, 1694) (la science infuse)
(3) vivra en égal
(4) "On dit Martin bâton, en parlant d'un bâton dont on frappe les ânes, qu'on appelle Martin, comme si on disait le bâton à Martin" (Furetière)





Jean de La Fontaine (8 juillet 1621 à Château-Thierry, 13 avril 1695 à Paris) est un poète, fabuliste, moraliste, dramaturge, librettiste et romancier français. Ses Fables de La Fontaine constituent la principale œuvre poétique du classicisme, et l’un des plus grands chefs d’œuvre de la littérature française.

BALLADE

Publié le 14/12/2009 à 20:49 par perleastrale

Barhelémy ven Eyck 1470

Hier je mis, chez Chloris, en train de discourir
Sur le fait des romans Alizon la sucrée.
"N'est-ce pas grand pitié, dit-elle, de souffrir
Que l'on méprise ainsi la Légende dorée (1),
Tandis que les romans sont si chère denrée ?
Il vaudrait beaucoup mieux qu'avec maint vers du temps,
De messire Honoré (2) l'histoire fut brûlée.
- Oui pour vous, dit Chloris, qui passez cinquante ans :
Moi, qui n'en ai que vingt, je prétends que l'Astrée
Fasse en mon cabinet encor quelque séjour ;
Car, pour vous découvrir le fond de ma pensée,
Je me plais aux livres d'amour."


Chloris eut quelque tort de parler si crûment ;
Non que Monsieur d'Urfé n'ait fait une œuvre exquise :
Étant petit garçon je lisais son roman,
Et je le lis encore ayant la barbe grise.
Aussi contre Alizon je faillis d'avoir prise,
Et soutins haut et clair, qu'Urfé, par-ci par- là,
De préceptes moraux nous instruit à sa guise.
"De quoi, dit Alizon, peut servir tout cela ?
Vous en voit-on aller plus souvent à l'église ?
Je hais tous les menteurs ; et, pour vous trancher court,
Je ne puis endurer qu'une femme me dise :
"Je me plais aux livres d'amour."


Alizon dit ces mots avec tant de chaleur
Que je crus qu'elle était en vertus accomplie ;
Mais ses péchés écrits tombèrent par malheur :
Elle n'y prit pas garde. Enfin étant sortie,
Nous vîmes que son fait était papelardie (3),
Trouvant entre autres points dans sa confession :
" J'ai lu maître Louis (4) mille fois en ma vie ;
Et même quelquefois j'entre en tentation
Lorsque l'Ermite trouve Angélique endormie,
Rêvant à tels fatras souvent le long du jour.
Bref, sans considérer censure ni demie.
"Je me plais aux livres d'amour."

Ah ! ah ! dis-je, Alizon ! vous lisez les romans,
Et vous vous arrêtez à l'endroit de l'Ermite !
Je crois qu'ainsi que vous pleine d'enseignements
Oriane (5) prêchait, faisant la chattemite.
Après mille façons, cette bonne hypocrite,
Un pain sur la fournée emprunta (6), dit l'auteur:
Pour un petit poupon (7) l'on sait qu'elle en fut quitte:
Mainte belle sans doute en a ri dans son coeur.
Cette histoire, Chloris, est du pape maudite :
Quiconque y met le nez, devient noir comme un four.
Parmi ceux qu'on peut lire, et dont voici l'élite,
Je me plais aux livres d'amour.

Clitophon (8) a le pas par droit d'antiquité ;
Héliodore peut par son prix le prétendre.
Le roman d'Ariane (9) est très bien inventé :
J'ai lu vingt et vingt fois celui de Polexandre (10) :
En fait d'événements, Cléopâtre et Cassandre (11),
Entre les beaux premiers doivent être rangés.
Chacun prise Cyrus, et la carte du Tendre (12),
Et le frère et la soeur ont les coeurs partagés (13).
Même dans les plus vieux je tiens qu'on peut apprendre.
Perceval le Gallois vient encore à son tour ;
Cervantès me ravit (14) ; et, pour tout y comprendre,
Je me plais aux livres d'amour.

Envoi
A Rome on ne lit point Boccace sans dispense :
Je trouve en ses pareils bien du contre et du pour
Du surplus (honni soit celui qui mal y pense ! )
Je me plais aux livres d'amour.

Jean de la Fontaine


La ballade, ou poème à forme fixe est en général composée de 3 strophes suivies d'un "envoi". Celle-ci en compte cinq. C'est dans la cinquième que La Fontaine écrit : "Cervantès me ravit"


Sa première parution, dans les Contes et Nouvelles en vers date de 1665. La Fontaine l'a rééditée dans les Contes et Nouvelles en vers de 1669. Elle fait suite à un fragment du Songe de Vaux auquel elle est reliée. Elle a peut-être été écrite pour Fouquet dans un des termes de la pension poétique. (d'après les notes de P. Clarac)








(1) de Jacques de Voragine, 13ème siècle ; le sujet de la Légende dorée est le conflit dont Dieu et l'Esprit du mal sont les protagonistes, et dont l'homme est à la fois le terrain, l'enjeu et l'acteur....: St André, St Nicolas...(La Légende dorée, Flammarion)
(2) Honoré d'Urfé



(3) hypocrisie
(4) l'Arioste : poète italien (1474-1533), auteur du poème épique "Roland furieux"





(5)Héroïne d'Amadis de Gaule, qui, dans le Premier livre, se donne à Amadis avant leur mariage.
(6) "il a pris un pain sur la fournée" se dit d'un homme qui a pris de l'avance sur les relations autorisées par le mariage.
(7) Esplandan, fils d'Oriane et d'Amadis






(8) Les Aventures de Leucippe et Clitophon, roman grec d'Achille Tatios d'Alexandrie, traduit au 16ème siècle et en 1635, par Jean Baudoin.
(9) Publié en 1632 par Desmarests de Saint Sorlin, ayant des épisodes assez osés
(10) Roman d'aventures héroïques (Martin Le Roy de Gomberville) publié de 1619 à 1637.
(11) Romans pseudo-historiques...fleuves de Gautier de Coste de La Calprenède.
(12) Artamène ou le Grand Cyrus de G. et Madeleine de Scudéry, 10 volumes publiés de 1656 à 1661
(13) Ont chacun leurs partisans
(14) Cervantes (1547-1616) a publié la première partie de Don Quichotte en 1605 et la seconde en 1615. Le roman a été traduit très rapidement en français.

L'AVARE QUI A PERDU SON TESOR

Publié le 14/12/2009 à 20:42 par perleastrale


www.shanaweb.net/esope/gravures/de-l-avare-et-des-envieux.pngs
Esope Gravure L'avare et des envieux

L'Usage seulement fait la possession.

Je demande à ces gens de qui la passion

Est d'entasser toujours, mettre somme sur somme,

Quel avantage ils ont que n'ait pas un autre homme.

Diogène là-bas est aussi riche qu'eux,

Et l'avare ici-haut comme lui vit en gueux.

L'homme au trésor caché qu'Esope nous propose,

Servira d'exemple à la chose.

Ce malheureux attendait

Pour jouir de son bien une seconde vie ;

Ne possédait pas l'or, mais l'or le possédait.

Il avait dans la terre une somme enfouie,

Son coeur avec, n'ayant autre déduit

Que d'y ruminer jour et nuit,

Et rendre sa chevance à lui-même sacrée.

Qu'il allât ou qu'il vînt, qu'il bût ou qu'il mangeât,

On l'eût pris de bien court, à moins qu'il ne songeât

A l'endroit où gisait cette somme enterrée.

Il y fit tant de tours qu'un Fossoyeur le vit,

Se douta du dépôt, l'enleva sans rien dire.

Notre Avare un beau jour ne trouva que le nid.

Voilà mon homme aux pleurs ; il gémit, il soupire.

Il se tourmente, il se déchire.

Un passant lui demande à quel sujet ses cris.

C'est mon trésor que l'on m'a pris.

- Votre trésor ? où pris ? - Tout joignant cette pierre.

- Eh ! sommes-nous en temps de guerre,

Pour l'apporter si loin ? N'eussiez-vous pas mieux fait

De le laisser chez vous en votre cabinet,

Que de le changer de demeure ?

Vous auriez pu sans peine y puiser à toute heure.

- A toute heure ? bons Dieux ! ne tient-il qu'à cela ?

L'argent vient-il comme il s'en va ?

Je n'y touchais jamais. - Dites-moi donc, de grâce,

Reprit l'autre, pourquoi vous vous affligez tant,

Puisque vous ne touchiez jamais à cet argent :

Mettez une pierre à la place,

Elle vous vaudra tout autant.



Jean de La Fontaine
(Recueil 1, Livre 4, Fable 20)

LE VAILLANT PETIT TAILLEUR

Publié le 22/10/2009 à 20:43 par perleastrale


Illustration trouvée sur le net sur le lien de l'image

Par un beau matin d'été, un petit tailleur assis sur sa table et de fort bonne humeur, cousait de tout son cœur. Arrive dans la rue une paysanne qui crie :

- Bonne confiture à vendre ! Bonne confiture à vendre !

Le petit tailleur entendit ces paroles avec plaisir. Il passa sa tête délicate par la fenêtre et dit :

- Venez ici, chère Madame ! C'est ici qu'on vous débarrassera de votre marchandise.

La femme grimpa les trois marches avec son lourd panier et le tailleur lui fit déballer tous ses pots. Il les examina, les tint en l'air, les renifla et finalement déclara :

- Cette confiture me semble bonne. Pesez-m'en donc une demi-once, chère Madame. Même s'il y en a un quart de livre, ça ne fera rien.

La femme, qui avait espéré trouver un bon client, lui donna ce qu'il demandait, mais s'en alla bien fâchée et en grognant.

- Et maintenant, dit le petit tailleur, que Dieu bénisse cette confiture et qu'elle me donne de la force !

Il prit une miche dans le buffet, s'en coupa un grand morceau par le travers et le couvrit de confiture.

- Ça ne sera pas mauvais, dit-il. Mais avant d'y mettre les dents, il faut que je termine ce pourpoint.

Il posa la tartine à côté de lui et continua à coudre et, de joie, faisait des points de plus en plus grands. Pendant ce temps, l'odeur de la confiture parvenait jusqu'aux murs de la chambre qui étaient recouverts d'un grand nombre de mouches, si bien qu'elles furent attirées et se jetèrent sur la tartine.

- Eh ! dit le petit tailleur. Qui vous a invitées ?

Et il chassa ces hôtes indésirables. Mais les mouches, qui ne comprenaient pas la langue humaine, ne se laissèrent pas intimider. Elles revinrent plus nombreuses encore. Alors, comme on dit, le petit tailleur sentit la moutarde lui monter au nez. Il attrapa un torchon et « je vais vous en donner, moi, de la confiture ! » leur en donna un grand coup. Lorsqu'il retira le torchon et compta ses victimes, il n'y avait pas moins de sept mouches raides mortes. « Tu es un fameux gaillard », se dit-il en admirant sa vaillance. « Il faut que toute la ville le sache. »

Et, en toute hâte, il se tailla une ceinture, la cousit et broda dessus en grandes lettres - « Sept d'un coup ». « Eh ! quoi, la ville… c'est le monde entier qui doit savoir ça ! » Et son cœur battait de joie comme une queue d'agneau. Le tailleur s'attacha la ceinture autour du corps et s'apprêta à partir dans le monde, pensant que son atelier était trop petit pour son courage. Avant de quitter la maison, il chercha autour de lui ce qu'il pourrait emporter. Il ne trouva qu'un fromage et le mit dans sa poche. Devant la porte, il remarqua un oiseau qui s'était pris dans les broussailles ; il lui fit rejoindre le fromage. Après quoi, il partit vaillamment et comme il était léger et agile, il ne ressentit aucune fatigue. Le chemin le conduisit sur une montagne et lorsqu'il en eut escaladé le plus haut sommet, il y vit un géant qui regardait tranquillement le paysage. Le petit tailleur s'approcha bravement de lui et l'apostropha :

- Bonjour, camarade ! Alors, tu es assis là et tu admires le vaste monde ? C'est justement là que je vais pour y faire mes preuves. Ça te dirait de venir avec moi ?

Le géant examina le tailleur d'un air méprisant et dit :

- Gredin, triste individu !

- Tu crois ça, répondit le tailleur en dégrafant son manteau et en montrant sa ceinture au géant.

- Regarde là quel homme je suis !

Le géant lut : « Sept d'un coup », s'imagina qu'il s'agissait là d'hommes que le tailleur avait tués et commença à avoir un peu de respect pour le petit homme. Mais il voulait d'abord l'éprouver. Il prit une pierre dans sa main et la serra si fort qu'il en coula de l'eau.

- Fais-en autant, dit-il, si tu as de la force.

- C'est tout ? demanda le petit tailleur. Un jeu d'enfant !

Il plongea la main dans sa poche, en sortit le fromage et le pressa si fort qu'il en coula du jus.

- Hein, dit-il, c'était un peu mieux !

Le géant ne savait que dire. Il n'arrivait pas à croire le petit homme. Il prit une pierre et la lança si haut qu'on ne pouvait presque plus la voir.

- Alors, avorton, fais-en autant !

- Bien lancé, dit le tailleur ; mais la pierre est retombée par terre. Je vais t'en lancer une qui ne reviendra pas.

Il prit l'oiseau dans sa poche et le lança en l'air. Heureux d'être libre, l'oiseau monta vers le ciel et ne revint pas.

- Que dis-tu de ça, camarade ? demanda le tailleur.

- Tu sais lancer, dit le géant, mais on va voir maintenant si tu es capable de porter une charge normale.

Il conduisit le petit tailleur auprès d'un énorme chêne qui était tombé par terre et dit :

- Si tu es assez fort, aide-moi à sortir cet arbre de la forêt.

- Volontiers, répondit le petit homme, prends le tronc sur ton épaule ; je porterai les branches et la ramure, c'est ça le plus lourd.

Le géant prit le tronc sur son épaule ; le tailleur s'assit sur une branche et le géant, qui ne pouvait se retourner, dut porter l'arbre entier avec le tailleur pardessus le marché. Celui-ci était tout joyeux et d'excellente humeur. Il sifflait la chanson « Trois tailleurs chevauchaient hors de la ville » comme si le fait de porter cet arbre eût été un jeu d'enfant. Lorsque le géant eut porté l'arbre pendant quelque temps, il n'en pouvait plus et il s'écria :

- Écoute, il faut que je le laisse tomber.

Le tailleur sauta en vitesse au bas de sa branche et dit au géant :

- Tu es si grand et tu ne peux même pas porter l'arbre !

Ensemble, ils poursuivirent leur chemin. Comme ils passaient sous un cerisier, le géant attrapa le faîte de l'arbre d'où pendaient les fruits les plus mûrs, le mit dans la main du tailleur et l'invita à manger. Le tailleur était bien trop faible pour retenir l'arbre et lorsque le géant le lâcha, il se détendit et le petit homme fut expédié dans les airs. Quand il fut retombé sur terre, sans dommage, le géant lui dit :

- Que signifie cela ? tu n'as même pas la force de retenir ce petit bâton ?

- Ce n'est pas la force qui me manque, répondit le tailleur. Tu t'imagines que c'est ça qui ferait peur à celui qui en a tué sept d'un coup ? J'ai sauté par-dessus l'arbre parce qu'il y a des chasseurs qui tirent dans les taillis. Saute, toi aussi, si tu le peux !

Le géant essaya, n'y parvint pas et resta pendu dans les branches de sorte que, cette fois encore, ce fut le tailleur qui gagna. Le géant lui dit :

- Si tu es si vaillant, viens dans notre caverne pour y passer la nuit avec nous. Le petit tailleur accepta et l'accompagna.

Lorsqu'ils arrivèrent dans la grotte, les autres géants étaient assis autour du feu et chacun d'entre eux tenait à la main un monstrueux rôti auquel ils mordaient. Le petit tailleur regarda autour de lui et pensa : « C'est bien plus grand ici que dans mon atelier. » Le géant lui indiqua un lit et lui dit de s'y coucher et d'y dormir. Mais le lit était trop grand pour le petit tailleur. Il ne s'y coucha pas, mais s'allongea dans un coin. Quand il fut minuit et que le géant pensa que le tailleur dormait profondément, il prit une barre de fer et, d'un seul coup, brisa le lit, croyant avoir donné le coup de grâce au rase-mottes. Au matin, les géants s'en allèrent dans la forêt. Ils avaient complètement oublié le tailleur. Et le voilà qui s'avançait tout joyeux et plein de témérité ! Les géants prirent peur, craignirent qu'il ne les tuât tous et s'enfuirent en toute hâte. Le petit tailleur poursuivit son chemin au hasard. Après avoir longtemps voyagé, il arriva dans la cour d'un palais royal et, comme il était fatigué, il se coucha et s'endormit. Pendant qu'il était là, des gens s'approchèrent, qui lurent sur sa ceinture : « Sept d'un coup ».

- Eh ! dirent-ils, que vient faire ce foudre de guerre dans notre paix ? Ce doit être un puissant seigneur !

Ils allèrent le dire au roi, pensant que si la guerre éclatait ce serait là un homme utile et important, qu'il ne fallait laisser repartir à aucun prix. Ce conseil plut au roi et il envoya l'un de ses courtisans auprès du petit tailleur avec pour mission de lui offrir une fonction militaire quand il s'éveillerait. Le messager resta planté près du dormeur, attendit qu'il remuât les membres et ouvrit les yeux et lui présenta sa requête.

- C'est justement pour cela que je suis venu ici, répondit-il. je suis prêt à entrer au service du roi.

Il fut reçu avec tous les honneurs et on mit à sa disposition une demeure particulière. Les gens de guerre ne voyaient cependant pas le petit tailleur d'un bon œil. Ils le souhaitaient à mille lieues.

- Qu'est-ce que ça va donner, disaient-ils entre eux, si nous nous prenons de querelle avec lui et qu'il frappe ? Il y en aura sept à chaque fois qui tomberont. Aucun de nous ne se tirera d'affaire.

Ils décidèrent donc de se rendre tous auprès du roi et demandèrent à quitter son service.

- Nous ne sommes pas faits, dirent-ils, pour rester à côté d'un homme qui en abat sept d'un coup.

Le roi était triste de perdre, à cause d'un seul, ses meilleurs serviteurs. Il aurait souhaité ne l'avoir jamais vu et aurait bien voulu qu'il repartît. Mais il n'osait pas lui donner son congé parce qu'il aurait pu le tuer lui et tout son monde et prendre sa place sur le trône. Il hésita longtemps. Finalement, il eut une idée. Il fit dire au petit tailleur que, parce qu'il était un grand foudre de guerre, il voulait bien lui faire une proposition. Dans une forêt de son pays habitaient deux géants qui causaient de gros ravages, pillaient, tuaient, mettaient tout à feu et à sang. Personne ne pouvait les approcher sans mettre sa vie en péril. S'il les vainquait et qu'il les tuât, il lui donnerait sa fille unique en mariage et la moitié de son royaume en dot. Cent cavaliers l'accompagneraient et lui prêteraient secours. « Voilà qui convient à un homme comme un moi », songea le petit tailleur. « Une jolie princesse et la moitié d'un royaume, ça ne se trouve pas tous les jours ».

- Oui, fut donc sa réponse. Je viendrai bien à bout des géants et je n'ai pas besoin de cent cavaliers. Celui qui en tue sept d'un coup n'a rien à craindre quand il n'y en a que deux.

Le petit tailleur prit la route et les cent cavaliers le suivaient. Quand il arriva à l'orée de la forêt, il dit à ses compagnons :

- Restez ici, je viendrai bien tout seul à bout des géants.

Il s'enfonça dans la forêt en regardant à droite et à gauche. Au bout d'un moment, il aperçut les deux géants. Ils étaient couchés sous un arbre et dormaient en ronflant si fort que les branches en bougeaient. Pas paresseux, le petit tailleur remplit ses poches de cailloux et grimpa dans l'arbre. Quand il fut à mi-hauteur, il se glissa le long d'une branche jusqu'à se trouver exactement au-dessus des dormeurs et fit tomber sur la poitrine de l'un des géants une pierre après l'autre. Longtemps, le géant ne sentit rien. Finalement, il se réveilla, secoua son compagnon et lui dit :

- Pourquoi me frappes-tu ?

- Tu rêves, répondit l'autre. Je ne te frappe pas.

Ils se remirent à dormir. Alors le petit tailleur jeta un caillou sur le second des géants.

- Qu'est-ce que c'est ? cria-t-il. Pourquoi me frappes-tu ?

- Je ne te frappe pas, répondit le premier en grognant.

Ils se querellèrent un instant mais, comme ils étaient fatigués, ils cessèrent et se rendormirent. Le petit tailleur recommença son jeu, choisit une grosse pierre et la lança avec force sur la poitrine du premier géant.

- C'est trop fort ! s'écria celui-ci.

Il bondit comme un fou et jeta son compagnon contre l'arbre, si fort que celui-ci en fut ébranlé. Le second lui rendit la monnaie de sa pièce et ils entrèrent dans une telle colère qu'ils arrachaient des arbres pour s'en frapper l'un l'autre. À la fin, ils tombèrent tous deux morts sur le sol. Le petit tailleur regagna alors la terre ferme. « Une chance qu'ils n'aient pas arraché l'arbre sur lequel j'étais perché. Il aurait fallu que je saute sur un autre comme un écureuil. Heureusement que l'on est agile, nous autres ! » Il tira son épée et en donna quelques bons coups à chacun dans la poitrine puis il rejoignit les cavaliers et leur dit :

- Le travail est fait, je leur ai donné le coup de grâce à tous les deux. Ça a été dur. Ils avaient dû arracher des arbres pour se défendre. Mais ça ne sert à rien quand on a affaire à quelqu'un qui en tue sept, comme moi, d'un seul coup.

- N'êtes-vous pas blessé ? demandèrent les cavaliers.

- Ils ne m'ont même pas défrisé un cheveu, répondit le tailleur. Les cavaliers ne voulurent pas le croire sur parole et ils entrèrent dans le bois. Ils y trouvèrent les géants nageant dans leur sang et, tout autour, il y avait des arbres arrachés.

Le petit tailleur réclama le salaire promis par le roi. Mais celui-ci se déroba et chercha comment il pourrait se débarrasser du héros.

- Avant que tu n'obtiennes ma fille et la moitié du royaume, lui dit-il, il faut encore que tu accomplisses un exploit. Dans la forêt il y a une licorne qui cause de gros ravages. Il faut que tu l'attrapes.

- J'ai encore moins peur d'une licorne que de deux géants. Sept d'un coup, voilà ma devise, répondit le petit tailleur.

Il prit une corde et une hache, partit dans la forêt et ordonna une fois de plus à ceux qu'on avait mis sous ses ordres de rester à la lisière. Il n'eut pas à attendre longtemps. La licorne arriva bientôt, fonça sur lui comme si elle avait voulu l'embrocher sans plus attendre.

- Tout doux ! tout doux ! dit-il. Ça n'ira pas si vite que ça.

Il attendit que l'animal soit tout proche. Alors, il bondit brusquement derrière un arbre. La licorne courut à toute vitesse contre l'arbre et enfonça sa corne si profondément dans le tronc qu'elle fut incapable de l'en retirer. Elle était prise !

- Je tiens le petit oiseau, dit le tailleur.

Il sortit de derrière l'arbre, passa la corde au cou de la licorne, dégagea la corne du tronc à coups de hache et, quand tout fut fait, emmena la bête au roi. Le roi ne voulut pas lui payer le salaire promis et posa une troisième condition. Avant le mariage, le tailleur devait capturer un sanglier qui causait de grands ravages dans la forêt. Les chasseurs l'aideraient.

- Volontiers, dit le tailleur, c'est un jeu d'enfant.

Il n'emmena pas les chasseurs avec lui, ce dont ils furent bien contents car le sanglier les avait maintes fois reçus de telle façon qu'ils n'avaient aucune envie de l'affronter. Lorsque le sanglier vit le tailleur, il marcha sur lui l'écume aux lèvres, les défenses menaçantes, et voulut le jeter à terre. Mais l'agile héros bondit dans une chapelle qui se trouvait dans le voisinage et d'un saut en ressortit aussitôt par une fenêtre. Le sanglier l'avait suivi. Le tailleur revint derrière lui et poussa la porte. La bête furieuse était captive. Il lui était bien trop difficile et incommode de sauter par une fenêtre. Le petit tailleur appela les chasseurs. Ils virent le prisonnier de leurs propres yeux. Le héros cependant se rendit chez le roi qui dut tenir sa promesse, bon gré mal gré ! Il lui donna sa fille et la moitié de son royaume. S'il avait su qu'il avait devant lui, non un foudre de guerre, mais un petit tailleur, l'affaire lui serait restée encore bien plus sur le cœur. La noce se déroula donc avec grand éclat, mais avec peu de joie, et le tailleur devint roi. Au bout de quelque temps, la jeune reine entendit une nuit son mari qui rêvait.

- Garçon, disait-il, fais-moi un pourpoint et raccommode mon pantalon, sinon je te casserai l'aune sur les oreilles !

Elle comprit alors dans quelle ruelle était né le jeune roi et au matin, elle dit son chagrin à son père et lui demanda de la protéger contre cet homme qui n'était rien d'autre qu'un tailleur. Le roi la consola et lui dit :

- La nuit prochaine, laisse ouverte ta chambre à coucher. Quand il sera endormi, mes serviteurs qui se trouveront dehors entreront, le ligoteront et le porteront sur un bateau qui l'emmènera dans le vaste monde.

Cela plut à la fille. Mais l'écuyer du roi, qui avait tout entendu, était dévoué au jeune seigneur et il alla lui conter toute l'affaire.

- Je vais leur couper l'herbe sous les pieds, dit le petit tailleur.

Le soir, il se coucha avec sa femme à l'heure habituelle. Quand elle le crut endormi, elle se leva, ouvrit la porte et se recoucha. Le petit tailleur, qui faisait semblant de dormir, se mit à crier très fort :

- Garçon, fais-moi un pourpoint et raccommode mon pantalon, sinon je te casse l'aune sur les oreilles, j'en ai abattu sept d'un coup, j'ai tué deux géants, capturé une licorne et pris un sanglier et je devrais avoir peur de ceux qui se trouvent dehors, devant la chambre ?

Lorsque ceux-ci entendirent ces paroles, ils furent saisis d'une grande peur. Ils s'enfuirent comme s'ils avaient eu le diable aux trousses et personne ne voulut plus se mesurer à lui. Et c'est ainsi que le petit tailleur resta roi, le reste de sa vie durant.



Jacob et Wilhelm Grimm
Traduit de l'allemandPar

LA LEGENDE DU TOURNESOL

Publié le 26/07/2009 à 14:23 par perleastrale



Illustration photoslaur.hautefort.com

La Legende du Tournesol

Il ya une légende basée sur la mythologie grecque que nous dit l'origine du tournesol.

On dit qu'il y a des milliers d'années, le monde était partagé entre le Soleil (le jour) et les Etoiles et la Lune (la nuit)

Ainsi donc, la Terre connaissait une partie dominée par les ténèbres et une autre maîtrisée par le Soleil (la Lumière)
Mais le fort désir de la Lune était que l'obscurité puisse vaincre, de cette manière elle allait devenir la maîtresse de la Terre, tandis que le Soleil serait asservi.

Par conséquent, entre la Lune et le Soleil, éclata la guerre.
Le Soleil avait une fille qui s'appelait Hélianthe. Mais elle ne ressemblait pas aux autres de son âge, pas seulement grâce à sa beauté sans pareille mais surtout à sa vaillance.

Elle proposa donc à son père de lutter l'un près de l'autre contre la Lune. " Nous devons vaincre " dit-elle, sinon nous serons enveloppés par les ténèbres. "
J'en suis d'accord " répondit le Soleil inquiet. " Mais n'oublie pas que je suis vieux et qu'il me manque la force de lutter, de plus, elle a aussi de son côté les Etoiles et leur victoire est presque assurée "

Mais c'est moi qui vais lutter près de toi " l'encouragea Hélianthe.

" Non ma fille c'est trop dangereux et de toute façon nous n'aurons aucune chance de réussite " ajouta son père.

N'écoutant pas son conseil, Hélianthe participa au combat comme un homme. À la suite d'une bataille acharnée, le Soleil fut déclaré victorieux.

C'est alors que sa fille révéla son beau visage. La Lune vit ainsi que son vainqueur avait de longs cheveux blonds comme les épis d'or flottant sur ses épaules et de très beaux yeux noirs.
Furieuse, elle lui lança un sortilège. "Que tu sois à tout jamais une plante, que le Tournesol devienne ton nom et quand il fera soleil que tu regardes toujours vers ton père"

À cause du maléfice de la Lune, la fille se métamorphosa en une fleur de toute beauté. Ses cheveux blonds se transformèrent en grands pétales jaunes et ses yeux noirs en semences.

Et jusqu'à nos jours, le sortilège n'a pas été rompu. Hélianthe, métamorphosée en fleur, regarde encore et toujours vers son vieux père - le Soleil.